Les Tbir. La tradition des chantres.

L’enseignement oral, par sa nature, comme par la relation de maître à élève qu’il engendre, se révèle un système efficace pour la préservation et la transmission des répertoires destinés à la pratique des rituels.

Chez les Arméniens, ce rôle est rempli depuis plusieurs siècles par les tbir, (« lettré » et « chantre »), les chantres ordonnés, réunis au sein du tbrats tas (la schola). Les chantres sont ordonnés et occupent les ordres mineurs de l’échelle hiérarchique de l’Église d’Arménie. Les droits et les devoirs du chantre se résument comme suit :

1. porter la robe ecclésiastique ;

2. porter les cierges ;

3. sonner les cloches ;

4. ouvrir la porte de l’église ;

5. balayer l’église ;

6. lire dans l’église les antiennes et le Lectionnaire (l’AT et les Épîtres seulement), chanter des charagan et des odes ;

7. exorciser et soigner les possédés ;

8. allumer et éteindre les lampes et les cierges de l’église.

La schola est placée sous la responsabilité du maître-chantre (yerazhshdabed), et administrée par un « chef des chantres » (tbrabed).

L’apprentissage des chantres, fortement diminué de nos jours, suit le modèle traditionnel en cours dans tout l’Orient. Dans les paroisses, de jeunes enfants reçoivent leur formation en étant présents tout au long des offices. Dans de nombreuses communautés, les enfants de cinq ans sont régulièrement amenés à l’église. À l’âge de dix ans environ, ils deviennent acolytes, portant les grands cierges. Cette présence, à l’apparence passive, sert à l’assimilation non seulement des mélodies usuelles, mais aussi des styles du chant et de l’environnement sonore créé par les modes musicaux. La durée de l’apprentissage n’est pas fixée d’avance, elle varie selon l’aptitude et l’assiduité. Indépendamment de ses qualités musicales, chaque chantre a une fonction, et la valorisation de ses devoirs établit l’équilibre nécessaire au sein de la schola.

Aram Kerovpyan

Association Akn
chant modal arménien